Le Covid 1984 à la ferme


Le COVID 1984 à la ferme


La première manif spécial Corona, dans le respect des gestes barrières
(vous remarquerez que l'attroupement des génisses à l'arrière ne dépasse pas les 10)
c'est notre fils qui a créé son slogan et sa pancarte
Pour nous le confinement n'a pas changé grand chose.
Nous n'avons pas interrompu les livraisons. Nous avons mis en place des protocoles pour respecter les  gestes barrières tant pour les livraisons que pour les distributions à la ferme.
La grosse différence est que nous avions la garde de notre fils 24 heures sur 24 et l'école (grande section de maternelle) à la maison, une belle expérience riche d'enseignements !

Mais à la longue cette astreinte nous fait prendre du retard, ça n'est pas toujours évident de se débrouiller avec un enfant de 5 ans dans les pattes, au milieu des machines, des tracteurs, des vaches, et ne parlons pas de faire de l'administratif à côté ...
 
L'annonce du déconfinement a été pour nous un soulagement : Nous étions confiants car, pour autant que nous sachions, il n'y a pas de cas de COVID dans les communes du RPI. Nous pensions qu'il reprendrait l'école le 11 mai et il était tout content d'y retourner ....Erreur !

L'école a ré-ouvert le 12 mai, deux jours par semaine pour commencer.

Le 7 mai 2020, le maire prenait un arrêté municipal selon lequel l'école n’accueillerait que les enfants des professions prioritaires dans la limite de 6 enfants jusqu'au 31 mai.

Or seulement 3 enfants de professions prioritaires se sont inscrits sur les 20 élèves de la classe.
Il reste donc 3 places pour les enfants de parents exerçant des métiers dit « non prioritaires », comme les agriculteurs. 
Nous avions demandé à ce que notre fils reprenne l’école de 12 mai, cela nous a été refusé.

Nous ne comprenons pas la décision du maire qui revient à exclure notre fils de l'école (c'est un enfant sans problème particulier, il est bien à l'école).  
De plus, étant donné le peu de familles souhaitant remettre leur enfant à l'école, il semblerait que même si tous les enfants avaient été acceptés nous n'aurions pas dépassé le seuil de 6 enfants.

Tant qu'il reste de la place, les écoles devraient être ouvertes à tous les enfants sans discrimination.

Nous avons demandé des explications.

Première explication : l'école serait « fermée ». Sans blague : nous avons une attestation officielle avec entête de l'académie disant que notre enfant ne peut pas être accueilli à l'école car « la commune n'a pas ouvert l'école ».
Je vous garantie que les enfants qui ont le privilège d'aller à l'école ne passent pas par la fenêtre !
« Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée.» Musset ne connaissait pas la Novlangue.

Seconde explication : Accepter notre fils à l'école serait « le placer dans une situation privilégiée, et y accéder (à notre demande) aurait occasionné une rupture d'égalité avec les autres élèves et une infraction à mon arrêté de police. »
Autrement dit : Pour que les enfants soient traités à égalité ils faut que les privilégiés puissent aller à l'école et que les autres acceptent d'être exclus sans râler.
Si ce n'est pas clair nous avons les moyens de vous inculquer la Novlangue !


Troisième explication en pure novlangue : l'école est pleine ! En effet si on compte les enfants prioritaires que les parents préfèrent ne pas mettre à l'école, il y aurait «  un effectif de 10 enfants susceptibles de venir à l’école de Franquevielle sur les 6 enfants qu’il est possible d’accueillir dans l’école en respectant toutes les mesures sanitaires. »
.
Le 28 avril la maîtresse à sondé les parents pour connaître le nombre d'enfants que les parents souhaiteraient mettre à l'école. Nous lui avons demandé le résultat de son sondage. Pas de réponse. 
On nous a précisé que « l’académie ne l’autorise pas à communiquer sur ce point » , « il s'agit de document de travail interne et que je ne souhaite pas diffuser des informations », « ceci est un outil que nous avons mis en place au sein de l'équipe, cela ne vous regarde en rien ».
Quelle idée en effet de se demander combien d'élèves il pourrait y avoir dans la classe de son enfant, de quoi je me mêle ?

Nous avons donc des privilèges garants de l’égalité, une école ouverte qui est fermée, et une école à moitié vide qui est pleine !
C'est ici que l'on apprend que 2 et 2 font 4 ?
Bienvenu dans l'univers de Georges Orwell...


2 juin 2020 - Epilogue

L'école pour tous

L'arrêté de police excluant les enfants de parents « non prioritaires » a pris fin le 31 mai.
Le 23 mai la maîtresse à de nouveau sondé les parents pour connaître le nombre d'enfants que les parents souhaiteraient mettre à l'école à partir du 2 juin.
Ce nombre est toujours classé secret défense.
En tout cas on ne dépasse pas le seuil de 6 et tous les parents qui le souhaitent peuvent mettre leurs enfants à l'école tous les jours.

Il a plu sur les semis. Les prairies fauchées vont reverdir. Les Pyrénées haussent les épaules et Anatole a repris le chemin de l'école.

2 commentaires:

  1. Rouvrir l'école intelligemment, pour les familles qui ont besoin de ce soutien, de temps pour travailler la terre. On parle partout de pénurie à venir mais si les instances pensaient à comment l'éviter plutôt que juste constater quand ce sera arriver... Tout mon soutien pour que ça bouge pour vous, et que vous puissiez travailler et votre loulou faire des activités adaptées à son âge... 😘

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  2. C'est un peu bizarre qu'"Agriculteur" ne soit pas un métier prioritaire. A par boire, se nourrir est un besoin vital... Courage et à bientôt

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